Guinée Equatoriale, 1982
1 – Malabo et l’île de Bioko
On dit que
les Français ne sont pas très forts en géographie. Qu’ils nagent un peu en
matière de Guinée est pardonnable car il y en a quatre au moins dont trois en
Afrique. A la rigueur, les Français auront une vague idée égocentriste de ce
qu’est la Guinée tout court, capitale Conakry, pays francophone. La Guinée
Bissau, ancienne colonie portugaise indépendante depuis 1975 seulement, peut leur
dire quelque chose car elle jouxte un pays qui leur est assez bien connu, le
Sénégal. Il ne faut pas la confondre avec la Guinée Equatoriale, ancienne
colonie espagnole devenue indépendante en 1968, quasiment inconnue de la
plupart des Français. Il faut dire que la Guinée Equatoriale constitue un pays
insulo-continental géographiquement étrange : situé dans le golfe de
Guinée entre Cameroun et Gabon, il comprend d’une part deux îles, une grande,
Bioko, 70 kilomètres de longueur, et une petite, Annobon, traversée par la
ligne de l’équateur, et d’autre part, sur le continent, un grand morceau de
forêt dense découpé au cordeau, le Rio Muni, avec Bata (environ 70 000
habitants) pour ville principale. L’île de Bioko représente le quart de la
population nationale qui approche les 500 000 âmes.
La capitale
du pays, Malabo, environ 85 000 habitants, est située sur l’île de Bioko,
alors que le Rio Muni contient (ou plus exactement contenait en 1982)
l’essentiel de l’activité économique avec les bois précieux (le pétrole off
shore a sans aucun doute profondément changé le pays aujourd’hui). Les deux
îles de Bioko et Annobon sont séparées par le plus petit état d’Afrique, Saõ
Tomé e Principe, lui-même composé de deux îles et qui est une ancienne colonie
portugaise célèbre pour son cacao. Voilà le tableau d’ensemble.
(La Guinée Equatoriale, capitale Malabo)
Pour ne pas
ajouter à la confusion guinéenne, je ne vous parle qu’en passant de la
Nouvelle-Guinée, grande île située en Asie du sud-est. Pour compliquer à plaisir,
elle est, de surcroît, divisée en deux : Indonésie à l’ouest et
Papouasie-Nouvelle Guinée à l’est. Brisons-là et revenons à notre Guinée
Equatoriale, capitale Malabo, sur l’île de Bioko.
Comment les
Espagnols sont-ils venus s’installer à Malabo, alors que l’île de Bioko avait
d’abord été occupée par les Portugais (sous le nom de « Formosa, la
Belle » d’abord, puis de son découvreur Fernando Poo avec un accent
sur le premier o que mon clavier se refuse à marquer)? Très pacifiquement, en
vertu des traités de San Ildefonso (1777) et de El Pardo (1778), un accord de
troc entre les deux grandes puissances coloniales de l’époque : le Brésil
portugais avait besoin de s’étendre vers le sud au détriment du Paraguay
espagnol. On ne va pas faire une guerre pour ça entre membres d’une même
famille, la reine Marie du Portugal et son oncle le roi Charles III d’Espagne: « Allez,
ma nièce, je vous donne un bout de Paraguay, vous me donnez en échange votre
petit morceau d’Afrique équatoriale et tout le monde est content ! »
proposa le roi d’Espagne à sa nièce qui accepta, avec la bénédiction de Sa
Sainteté le Pape.
Le hasard a
voulu que je fasse une de mes premières missions à Malabo avec mon collègue et
ami paraguayen Rubén qui n’en finissait pas de saluer théâtralement à grands
gestes les foules en clamant : « Hermanos mios ! »,
« Mes frères ! Mes frères ! »… Il m’a expliqué ce
qu’il ressentait : il retrouvait là comme un membre arraché à son Paraguay
natal.
A dire le
vrai, les Espagnols ne firent pas grand’chose de la Guinée Equatoriale, y
organisant seulement le transit des esclaves. Ils laissèrent même les Anglais
l’occuper longuement et ne s’y intéressèrent vraiment qu’au XXème siècle et
surtout pendant la période franquiste. Si bien que le seul créole parlé à Bioko
est un pidgin, mariage de l’anglais et des langues locales bantoues, le
fang et le bubi. Il n’en reste pas moins que la langue officielle est
l’espagnol mais le Président Obiang Nguema, francophone et francophile, a fait
ajouter le français comme seconde langue officielle, a rejoint la zone franc en
1985 et a adhéré à la Francophonie.
Quant aux
traces architecturales de l’occupation espagnole, il y en a beaucoup dans le
charmant vieux quartier de Malabo, vers la mairie, le parlement et le palais du
gouverneur : des demeures coloniales avec des balcons, des patios, du fer
forgé.
(Vieux quartier de Malabo)
Mais c’est
surtout la nature qui donne à cette île volcanique culminant à 3000 mètres tout
son attrait. La végétation y est luxuriante et variée vu la dénivellation. La
mer découpe de nombreuses baies et notamment le magnifique port de Malabo. Les
ciels d’orage sont impressionnants à la saison des pluies et inspirent peintres
et photographes.
(Malabo, son port bien protégé, au fond le sommet
de l’île à 3000 mètres)
C’est pourquoi je cède la place à Pascale qui va faire
à Cocode le plaisir de rendre à Couleur Alentejo sa vocation première : le
dessin et la peinture.
(Bioko, la côte. Pastel et aquarelle. Pascale Bas,
1983)
(Orage à Bioko. Pastel et aquarelle. Pascale Bas,
1983)
(Après le sombre orage, le soleil d’été. Malabo, 1983 : pastel et aquarelle de Pascale Bas)
(Ciel d’orage à Bioko en saison des pluies. Pastel et
aquarelle. Pascale Bas, 1983)
(Plage et roches noires volcaniques en saison des
pluies à Bioko. Pascale Bas, 1983)
(Ciel purgé, sérénité après la tourmente. Pastel et
aquarelle, Pascale Bas, 1983)
(Malabo : terrasse dominant la mer. Pastel et
aquarelle. Pascale Bas, 1983)
(Vue de la terrasse : un coin de paradis.
Pastel et aquarelle. Pascale Bas, 1983)
A suivre…
Pascale et
Daniel Bas, 20 mai 2009.
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