Quant à la
ville japonaise, elle était séparée de la ville européenne par une large
chaussée. Elle était composée de trois grandes rues parallèles à la plage et de
plusieurs rues transversales qui coupaient ces principales artères à angles
droits et formaient ainsi un certain nombre d’îlots de maisons. La plupart des
maisons y étaient exiguës et construites en bois léger.
(La rue du Théâtre dans le quartier japonais de
l’ancien Yokohama. Admirez les tenues traditionnelles et l’intérêt pour le
théâtre. L’électricité s’affiche avec ostentation)
Sur la
colline bordant au sud la zone portuaire, le Bluff, on pouvait voir les
belles maisons, les bungalows, que les étrangers commençaient à édifier.
On voyait aussi dans un petit vallon au pied des collines le cimetière
étranger. La montagne sacrée, le Fuji, dessinait à vingt lieues son sommet aux
formes parfaites et couvert de neige étincelante.
Le port était
vaste et actif. Il pouvait abriter des centaines de bateaux, qu’il s’agisse de
navires élégants aux mâts légers ou de vapeurs trapus et ventrus que des
machines vidaient à grand fracas sur les quais. Deux constructions témoignaient
par leurs dimensions de l’importance des opérations d’importation et
d’exportation : les vastes entrepôts de briques rouges et le bâtiment des
douanes :
(Les Douanes de l’ancien Yokohama)
Voilà
Yokohama et ses collines vues de la mer. Pour imaginer la vue inversée, le port
vu de la colline, il suffit de relire une lettre de notre arrière-grand-oncle
Claude Nicolas Eymard à sa sœur Eulalie, notre arrière-grand’mère ( à
Jacqueline, JAC, JCP et moi):
« Ici,
tous les jours, en descendant de chez moi pour aller au bureau, je vois d’un
seul coup d’œil la ville européenne, la ville japonaise et la rade avec ses
bateaux au mouillage et le chemin de fer qui fait le tour de la baie. Quand la
fumée blanche de la locomotive décrit ce rayon pour se rendre à Yedo[1] ou qu’elle en vient, il me semble
vous voir dans votre maison au-dessus du port de Rouen jouir du même coup
d’œil». [2]
(Qu’on parle du Yokohama d’hier ou du Yokohama
d’aujourd’hui, il y a un point commun, permanent, un Yokohama de toujours,
c’est celui des parcs, du hanami et des cerisiers en fleur).
A suivre…
Daniel Bas
8 décembre 2009.
[1] Yedo, ancien nom de Tôkyô. Le
chemin de fer de la capitale à Yokohama a été inauguré le 9 octobre 1872.
[2] Eulalie habite vers le Cimetière de
l’ouest à Rouen avec vue sur le port. Pas de meilleure description de la vue
sur le port de Rouen depuis la côte de Canteleu que celle de Maupassant dans
« Bel ami ». La ressemblance avec Yokohama que lui trouve l’oncle est
un peu biaisée par la nostalgie, le mal du pays…
Quel bonheur de relire ces pages superbes, un peu plus de deux après leur publication par Daniel. Merci encore.
Rédigé par : Phil' | 29/01/2012 à 20:38