Pour ma contribution, j’ai légèrement changé notre titre : de « La vie sur les marchés », je suis passé à « La vie des marchés ». En effet, je n’ai pas eu la chance comme Jacqueline et Jacques de connaître beaucoup les marchés de l’intérieur. Mais j’en ai été le fournisseur et j’ai pu avoir sur eux un regard extérieur, parfois effrayé par les pratiques qui y avaient cours mais surtout attendri par les gens chaleureux, généreux et courageux qu’on y côtoyait. Je n’approvisionnais pas les forains en chaussures, mes vues se portaient plus haut : j’étais un agent du progrès sanitaire dans ce pays, je prodiguais la bonne parole de l’hygiène, je transmettais les messages sacrés de la résistance et de la douceur, bref, je vendais du papier hygiénique. J’en ai même vendu un camion complet à un certain Paulus, père de ton Daniel, Jacqueline, chargement qui s’est bien écoulé sur les marchés de Bretagne.
A noter que je ne fournissais pas que les marchés. J’en vendais aussi en droguerie, notamment aux établissements Lafanechère que notre Jean-Claude conseillait dans son jeune temps à la chambre de commerce de Vichy. J’en vendais aussi à Madame Anus, droguiste à Dijon. Mes dépositaires en Avignon s’appelaient Sécula. J’ai négocié un gros contrat de pub sur PQ avec un certain Monsieur Troubas… Mais revenons à nos marchés. C’était l’époque lointaine où le « Tout à 100 francs », 100 anciens francs, bien sûr, faisait fureur. Le fin du fin du marketing était d’arriver à fournir trois rouleaux à 100 francs, puis quatre, puis cinq… La toute première circulaire publicitaire de ma carrière en témoigne :
(Mars 60, j’avais 27 ans 1/2 !)
La marge du détaillant était généralement de 33%, le producteur (ou le grossiste) devait donc vendre à 67 francs. Ce tarif n’était pas discuté, ce qu’il fallait arriver à faire était d’en donner trois puis quatre pour ce prix inchangé. Comme il n’y a pas de miracle, le nombre de feuilles du rouleau baissait, bien entendu, tout le monde en était conscient. Mais ça ne devait pas se voir à l’œil nu ! Toute l’astuce du fabricant était donc de trouver des papiers « bouffants » qui donnaient le change à l’acheteur. Tout le monde était content, y compris le consommateur final, trop heureux d’avoir fait « la bonne affaire », quatre rouleaux volumineux gonflés de vent ! On ira à la fin jusqu’à 5 rouleaux, mais le processus se détruira par exagération.
Alors, il faudra trouver une nouvelle force de frappe : la publicité sur PQ ! Les forains seront les plus ardents à en « dépoter » comme ils disaient: une feuille sur deux gratuite car payée par l’annonceur, imprimée en encres alimentaires, ça fait un paquet volumineux, on peut aller à 10 paquets à 100 francs ! J’ai ainsi vu partir comme des petits pains des annonces de cirages et d’auto-école.
(Ma circulaire force de frappe de 1964, j’ai 32 ans)
Hélas, l’expérience a tourné court : un annonceur qui passe une pub peut contrôler le tirage ou l’audience. Mais comment pourrait-il vérifier que le fabricant de papier de toilette a bien inséré dans ses paquets 10 000 ou 20 000 feuilles imprimées à son nom ? Alors, il a fallu frapper plus fort et les forains, toujours à la pointe de la hardiesse commerciale s’y sont bien prêtés. Surfant sur le caprice d’une veuve tourangelle richissime et inconsolablement éplorée qui avait tenu à manifester son chagrin par une grosse commande spéciale de papier hygiénique noir grand deuil, nous avons lancé le « Black and White », ensemble de deux paquets sous même banderole, l’un noir pour le « dégrossissage », l’autre blanc neige pour le fignolage. Un mode d’emploi accompagnait le produit, je vous en livre une mauvaise copie marquée par les ans :
Hé oui, on ne s’ennuyait pas sur les marchés d’antan ! Que ces textes soient versés aux annales, rectum et versum !
Daniel Bas dit Chedozot, le 15 mars 2012
27 NOVEMBRE 2014
En refaisant un ptit tour sur le ZINC ,alors que tu viens de prendre tes 82 balais, je redis,bien entendu, AU SUIVANT ...
Les prix les plus " sérrés" concernant le papier dit de "toilette, j'arrive à mes conclusions personnelles:Se méfier des papiers fins qui fondent à l'humidité ;
Et voici que la hauteur des rouleaux est aussi, à considérer.mon préféré actuellement, et je n'ai pas d'actions chez eux
JUST ONE ...
Honnêtement,ONE, je ne sais pas, mais c'est quand même ,à mon humble avis,le plus pratique à l'emploi !!!
Te sousviens tu,DANIEL, dela petite dame,toute vieille,toute rabougrie, près de la gare de ROUEN .Elle tenait les lieux comme DAME PIPI et demandait :Petit ou gros?En ce temps là,le fameux papier était contingenté,et l'on pouvait avoir une ou 2 feuilles,selon le cas litigieux.
C'était en 1946 ou 1947,cette dame,si gentille était la mamie d'une élève du Lycée Jeanne d' Arc et je comprends bien la gêne quand on la reconnaissait.Mais on sait bien qu'il n'y a pas de sot métier !!!
Souvenirs de
Quiquine.
Rédigé par : Paulus Petit Jacqueline | 27/11/2014 à 13:15
Et tu nous parles de ton âge ?
SAMEDI 24 NOVEMBRE 2.012 TU OUVRIRAS LA MARCHE VERS TES 80 ANS ? ET NOUS POURRONS DIRE : au suivant ou bien à la suivante ?
QUIQUINE
Rédigé par : PAULUS PETIT JACQUELINE | 22/11/2012 à 12:51
Et revoilà le slogan:DU CHOIX, D 'LA QUALITE, DES PRIX !!!
Extraordinaires tes histoires vécues de Papier hautement hygiénique !
J'avais oublié les premières apparitions des ventes dites du TOUT A 100 FRANCS.Gadgets de pacotille,le début des ustensiles en matière plastique de première génération.Bassines, jouets, couverts etc...Ca ne durait que peu de temps, mais ça faisait de l'effet couleur et on en avait pour SON ARGENT.
Souvenirs lointains des séniors du ZINC .
Merci Chedozot.
Quiquine.
Rédigé par : PAULUS PETIT JACQUELINE | 18/03/2012 à 17:16