Le Café de Rouen, vu de ma fenêtre, c'est toute une époque qui me ramène à mes premiers salaires de comptable.
Tous les jours ou presque, j’allais passer une heure dans ce lieu mythique, avec ma collègue Simone, hélas décédée.
Nous dégustions un énorme, un splendide, un vrai sandwich, pas au pain de mie, non, mais croustillant à souhait, venant de la grande boulangerie Perrier.
Nos parents aimaient s’y asseoir, fourbus par les longues promenades en ville. Mon père prenait du temps pour déguster une grande bière avec sa mousse.
Chaque jour, vers 13 h, s'amenaient les cadres du Crédit Lyonnais, le boucher en gros, belle blouse bleue, puis la patronne d’une célèbre parfumerie.
Le serveur, mon préféré par sa gentillesse, était René. Je l'ai toujours connu chauve, alerte, souriant, la lavette cachée dans son dos, le plateau valsant au-dessus des clients .
Au début du mois, c'était Byzance : grand crème, grand sandwich, parfois une glace. Vers le 20 du mois, nous ne prenions plus qu‘un modeste « p’tit crème- oeuf dur ».
Les banquettes, recouvertes de velours rouge, parfois râpé, nous étaient familières : les glaces, posées dans tous les recoins, permettaient d'un seul coup d'œil de repérer la personne que nous y attendions. C’était le lieu de rendez- vous par excellence des Rouennais.
Plus tard, en 1955, ce café était le point de chute de notre tribu. Quand nous « montions à la ville » pour y régler des affaires, nous débarquions à une douzaine. Direction au fond, à droite. La commande était toujours la même : d'abord, un apéritif, puis des huîtres ou une choucroute. On ne choisissait pas :12 plats de frites, ou 12 choucroutes, une bière, jus de fruits pour les mômes. Personne ne répondait, la Reine Mère avait dit. Je donnais le biberon à mon fils Didier. Lui aussi regardait autour de lui, sans doute fasciné par le spectacle.
Ici venaient des gens de toutes sortes. Mais les dames outrageusement maquillées, avaient jeté leur dévolu sur un bistrot, moins « classe », situé juste en face. Le Café de Rouen était alors le lieu idéal pour observer de l’autre côté de la rue, les manèges des futures rencontres. Une quinquagénaire à la jambe de bois régna longtemps dans les parages.
Jacqueline Paulus-Petit
Oui, frérot, c'est ce que j'ai appris. Je n'aime pas ça du tout...
Rédigé par : jac | 06/04/2012 à 03:33
En allant surfer sur Google pour y trouver l'historique du Café de Rouen Rue du Gros Horloge je n'ai vraiment rien trouver mais je vois qu'il y a maintenant un autre cafe du même nom place du vieux marché...
Relocation de l'ancient ?
Ou un nouveau ?
Je préfére me souvenir du "vieux" Rouen de notre jeunesse alors une fois de plus merci à toi Quiquine et frérot Jac pour ces supers articles...
Rédigé par : Michel Leveillard | 06/04/2012 à 02:57