1966. Année du Bac, rue des Carmes, chez une vieille dame bossue. Il fait froid dans la chambre. Sombre aussi. Une table, une chaise, un lit aux arêtes coupantes. Plafond fissuré. Vieille armoire à glace, pour me sentir moins seul.
Au-dessous, le professeur de musique donne ses cours de piano.
Au-dessus, Johnny Hallyday retient sa nuit car les gens l’appellent l’idole des jeunes.
Quelque part, une tuyauterie chante toujours le même air syncopé qui se termine en queue de poisson par d’étranges crissements de pneus.
En face de l’immeuble, un salon de coiffure occupe mes pensées. De ma fenêtre, j’ai une perspective plongeante sur les charmantes jeunes filles qui y travaillent du matin au soir, sans même avoir droit à la pause de midi.
Ma logeuse s’absente toute la journée. Au petit-déjeuner, elle a prévu une demi baguette de pain rassis, du beurre et du café qu’elle réchauffe de la veille.
A 16 heures, j’écoute « Salut les copains » à la radio. Françoise Hardy a encore gagné une place aujourd’hui.
Il me faut bien du courage pour lire Spinoza ou Descartes dans ces conditions. Alors, je me réchauffe en déambulant dans les rues. Puis, je m’installe au Café de Rouen. Le samedi après-midi, je le passe au Buffet de la Gare, avant de prendre le train pour rentrer chez mes parents. Parfois, je vais à la bibliothèque. Au moins, il y fait chaud, il y a des visages et quelques sourires.
JAC, le 16 octobre 2012
Vraiment avare cette logeuse !On peut te dire BRAVO d'avoir réussi ton bac avec une telle préparation.
Les Normands radins, a existe .
Quiquine.
Rédigé par : PAULUS PETIT JACQUELINE | 19/10/2012 à 13:34