On a tous eu des professeurs exceptionnels, capables de motiver des classes entières ou qui savaient détecter chez les élèves les plus faibles des talents insoupçonnés, cachés derrière leurs prestations médiocres.
Mais certains ne répondaient pas toujours à ces critères flatteurs.
Un de mes profs d’histoire avait coutume d’écrire le cours au tableau, tout en manipulant une éponge avec sa main gauche. Pour nous obliger à rester vigilants ou peut-être aussi afin d’étouffer dans l’œuf toute velléité de bavardage, il effaçait le texte au fur et à mesure, tâchant de respecter un intervalle d’une trentaine de centimètres entre le mot qu’il venait d’écrire et l’éponge. Les esclaves du stylo que nous étions, croyaient alors assister à une étrange course poursuite où la main gauche galopait après la droite, sans jamais pouvoir l’atteindre.
Brusquement, en cours d’année il lui prenait l’envie de changer de tactique. Ces jours-là, il nous faisait grâce du supplice de l’éponge et remplissait tout le tableau. Malheureusement pour nous, il continuait ses phrases en trouvant toujours une petite place entre la première et la deuxième ligne du début. Au bout d’une heure de ce traitement infernal, il terminait son cours en insérant un dernier paragraphe entre le deuxième ajout et la ligne numéro deux de la première page. Dans ce fatras de pattes de mouches et de mots de plus en plus petits, seul un œil averti pouvait déchiffrer trois textes en un.
Le prof de sciences avait élaboré une règle particulièrement raffinée pour interroger les élèves au tableau. Nous avions cinq secondes pour parvenir à la hauteur du poêle à charbon situé devant l’estrade. Au-delà de ce laps de temps, c’était le 0/20 assuré.
Parfois, un gars un peu maladroit se prenait les pieds dans un cartable ou se débattait avec sa chaise. Dommage pour lui, car en perdant ainsi de précieuses secondes, il arrivait immanquablement hors délai.
Cro-croc, un professeur de maths aux dents énormes et à la mâchoire chevaline, n’a interrogé au tableau qu’un seul élève pendant l’année scolaire de quatrième. Au moment de consulter la liste, il roulait ses yeux globuleux sur toute une rangée de jeunes boutonneux craintifs et répétait : « Voyons, voyons, qui va souffrir aujourd’hui ? Voyons, voyons…au hasard…Ravenne, Renoux, Ribard….Riberprey ! »
Le pauvre n’était pas surpris et se rendait, résigné, à la place qui lui revenait par décision arbitraire professorale.
Ces personnages au comportement insolite n’ont sans doute jamais suscité des vocations. Ils ne nous ont pas empêché non plus de vivre, de rêver, d’espérer ni de rire de leurs travers.
(Le fameux Riberprey devait avoir une tête à se faire interroger au tableau dans chaque matière. Ici, document qui date de 1961, c'est le professeur d'anglais qui le convoque.)
JAC, le 22 juillet 2013
Dans ma CHASSE AUX DORYPHORES ,j'ai omis d'ajouter que nous chantions en chemin,et que nous avions des séances de repos...à charge,pour nous,de réciter nos poésies...le travail scolaire était quand même effectué en dépit des chasses aux bestioles .
Ces institutrices de classes primaires sont restées inoubliables.
Quiquine.
Rédigé par : PAULUS PETIT JACQUELINE | 11/08/2013 à 19:07
Pour répondre à notre frèrot Viking,Michel:
Et si je vous racontais notre chasse aux DORYPHORES?
Ces affreuses bêtes "bouffaient" nos récoltes de pommes de terre.
Or,la PATATE était notre aliment premier...
Les paysans étant partis à la guerre,personne ne pouvait traiter les immenses champs.
Nos instituteurs nous emmenaient,en été,chacune avec une boite de conserve vide,et il nous fallait oter ces bestioles gluantes,rouges,de sur les feuilles de pommes de terre.
Il faisait très chaud,combien de gamines sont tombées" dans les pommes", d'insolation?
L'odeur de cet insecte est horrible.Pas question de se faire porter malades,nos instituteurs devant rendre compte du travail effectué par les écoliers .
Demandons ,maintenant à nos enfants des champs d'aller aider aux travaux du jardin ?
Ils ne seraient pas d'accord,les jeux sur l'ordi étant plus dans leurs cordes !!!
Quiquine.
Rédigé par : PAULUS PETIT JACQUELINE | 11/08/2013 à 18:57
Ma chère Quiquine…
Si tu penses que les jeunes Français ont du mal à croire tes histoires d’écolière pendant la guerre et immédiatement après la libération tu devrais essayer ici…
Et le pire ma p’tite Frangine… leurs profs ont du mal à y croire eux même…
Quand tu racontes ces histoires n’oublies pas de mentionner les marches sous la flotte et le froid pour aller à l’école…
Assis trempé jusqu’aux oses dans une classe avec pratiquement pas de chauffage…
L’estomac creux…
Et oh oui ... les voyages dans les caves abris de temps à autres…
Je fus invité 2 ou 3 fois dans les écoles de mon coin pour parler de ma jeunesse en France aux gosses …
Mais je ne fus jamais réinvité … Je me demande pourquoi ?
:-)
Rédigé par : Michel Leveillard | 28/07/2013 à 15:44
Au Lycée Jeanne d'ARC,de ROUEN,les professeurs avaient " DE LA CLASSE",certainement pour se rendre dignes de SIMONE DE BEAUVOIR .
Madame DE BEAUVOIR aurait dit comme ceci,aurait fait comme cela ,bref,on nous la montrait en exemple constamment .Elle avait enseigné dans nos murs bien avant,et nous ne savions pas encore,combien elle avait marqué notre école de son emprunte .
MISS BURTON,très compétente, était coléreuse,et tapait du pied rageusement.Un jour ,son escarpin est allé voltiger au dessus de nos têtes ,retombant dans un fou-rire général,sauf le sien.
Nous avions des enseignants de grande valeur,aussi bien en français,qu'en allemand,
Nous avons eu en sports,notre médaillée du lancement du poids,aux jeux olympiques,JACQUELINE MAZEAS .
Et que dire de madame PLARD,ce terrible professeur de français ?elle nous terrorisait,certes, mais elle avait du talent.
Mon entrée,en 6e ,en octobre 1.944,au lendemain,presque de la LIBERATION... fut mémorable!
Même si nous n'avions pas de chauffage ,pas assez se sièges,nous avons eu nos professeurs,à leur poste,dès les débuts des cours.
Il fallait courir, se précipiter pour vite prendre un siège,les plus lentes,devaient assister assises,en tailleur,le cahier sur les genoux...quand il y avait un cahier !
Nous avions les meilleurs professeurs,honnêtement,en ce temps là, nous ne le savions pas !
Maintenant,j'ai l'air de radoter,du haut de mes 80 ans,et les mômes à qui je raconte mes souvenirs,ont un rire en coin ,ne me croyant pas ...
Quiquine .
Rédigé par : PAULUS PETIT JACQUELINE | 28/07/2013 à 13:52