Au lycée Jeanne d'Arc de ROUEN, les professeurs avaient de la « tenue », certainement pour rester dignes de Simone de Beauvoir.
On entendait régulièrement : madame de Beauvoir aurait dit comme ceci, aurait fait comme cela. Bref, on ne cessait de nous la montrer en exemple.
Elle avait enseigné dans nos murs bien avant nous, et nous ne savions pas encore combien elle avait marqué notre école de son emprunte.
Miss Burton, très compétente, était coléreuse, et tapait du pied rageusement. Un jour, son escarpin est allé voltiger au dessus de nos têtes ,retombant dans un fou rire général, sauf le sien. Nous avions des enseignants de grande valeur, aussi bien en français qu'en allemand. Nous avons eu en sports une médaillée du lancement du poids aux jeux olympiques, Jacqueline Mazeas. Et que dire de madame PLARD, ce terrible professeur de français ? Elle nous terrorisait, certes, mais elle avait du talent. Mon entrée en 6e en octobre 1944, au lendemain presque de la Libération fut mémorable. Même si nous n'avions pas de chauffage, pas assez se sièges, nos professeurs étaient à leur poste, dès les débuts des cours. Il fallait courir, se précipiter pour prendre une chaise. Les plus lentes, assises en tailleur, gardaient le cahier sur les genoux...Quand il y avait un cahier ! Nous avions les meilleurs professeurs et nous ne le savions pas. Maintenant, j'ai l'air de radoter du haut de mes 80 ans et les mômes à qui je raconte mes souvenirs, ont un rire en coin.
Jacqueline Paulus-Petit
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