Janvier 1996, Hat Yai, Thaïlande,
Déambuler dans les rues en Thaïlande est une fête pour les yeux, mais peut-être pas pour les oreilles. La ville grouille de marchands ambulants, de vendeurs à la sauvette, de crieurs de journaux, de cyclistes qui transportent des monceaux de légumes ou de cartons. Un tintamarre de klaxons, de pétarades de motos, de haut-parleurs nasillards.
Soudain, le vent se lève. Les passants ont des regards inquiets. Deux chats se réfugient sous une bâche. Une sirène. Des coups de sifflet à répétition. Des policiers courent en tous sens.
Pourquoi cette agitation soudaine ?
Puis, dans un silence glacial, les gens restent figés sur place, transformés en statues de marbre.
Une catastrophe ? Un volcan qui se réveille ? Un tremblement de terre ? Un film d’épouvante ?
Interdiction absolue de bouger.
Au loin, une limousine noire apparaît. Deux ou trois casquettes blanches de grands chefs militaires émergent.
Vision étrange : un occupant à petites lunettes rondes est tourné vers l’arrière du véhicule. On entend maintenant le doux bruit du moteur. Beaucoup de passants baissent la tête.
Visage émacié, impassible, le roi Bhumibol traverse la ville.
Un dernier coup de sifflet.
La vie reprend son cours. Le film peut continuer.
JAC, le 18 mai 2012
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