La pluie de novembre, un soir de vague à l’âme. Un temps froid qui pourrait d’une minute à l’autre tourner à la neige.
Il doit téléphoner. Un appel urgent. Une seule cabine rue des Anges, occupée par une dame dont il ne voit que le dos et la chevelure ample. Brouillard. Coup de vent. Il attend.
Lorsqu’elle se retourne, lentement, c’est pour demander l’heure. Elle observe l‘homme. Il voit un joli visage triste. Des yeux qui demandent de l’aide. Elle ouvre la porte. Fait tomber son parapluie. Leurs mains se touchent. Les regards se figent. Silence. Un désir violent; mystérieux les paralyse dans le plus bel arrêt sur image du cinéma.
-Donnez-moi votre numéro de téléphone…Je vous trouve…
-Oui, vous me trouvez…Moi aussi…Je voudrais vous…
Là, tout de suite, il veut emmener cette femme loin, là-bas, derrière le brouillard, au restaurant, au café, à l’hôtel, peut-être.
-Que faites-vous ? Vous paraissez déboussolée. Venez avec moi…Moi aussi je…
-Oui, je …vous suivre. Mais…attendez-moi là, je vais chercher quelque chose…Je ne peux pas partir sans rien…Je m’appelle Delhia. Vous me plaisez…Attendez-moi…Je reviens..
Déjà, elle n’est plus qu’une ombre dans la ruelle pavée. Le cœur battant, il lui susurre des mots tendres que le vent emporte.
Et puis il attend.
La première heure passe.
Mais, peu à peu, la faim le tenaille.
Que sait-il au fond de cette femme ? Un visage à la Michèle Morgan du Quai des Brumes, un prénom idéal à inspirer les mirages les plus fous, Delhia. Et, dans le demi sourire angélique, une détresse qui vous rend amoureux sur le champ.
Le lendemain, il cherche ce regard dans les yeux des passants.
A minuit, il se décide à consulter l’annuaire, de la page 1 à la page 726, au cas où une abonnée porterait ce doux prénom qui lui cause tant de tourments.
JAC, le 9 décembre 2012
Les commentaires récents