En sortant, il tente d’appeler le négociateur sur son portable. Peine perdue, il n’entend même pas le son de sa voix : la ville résonne de sirènes de pompiers, de crissements de pneus, de klaxons et de coups de sifflet. Le tintamarre est infernal.
Où trouver un endroit calme et discret ? Impossible de retourner au musée, car personne ne doit entendre l’objet de la conversation.
Comble de malchance, il se trouve pris dans une marée humaine, des centaines de manifestants en colère qui lèvent le point en cadence. Certains brandissent des pancartes où apparaît en lettres maladroites le nom de Florence Cassez, accusée d’enlèvements. La situation est absurde. Le voilà, lui, Français, perdu au milieu d’une foule qui hurle des slogans hostiles à la France !
Alors il avance, comme tout le monde, en prenant la mine grave de ses voisins. Lentement il se rapproche du trottoir. Enfin il parvient à s’échapper dans une rue adjacente.
Dans cette mégalopole bruyante à la circulation anarchique, il faut rester constamment sur le qui-vive. Les autos roulent vite, les motards font un incessant gymkhana entre les rétroviseurs, des camions de livraison stationnent aux endroits les plus incongrus. Le sol est encombré d’obstacles, troué d’ornières ou de bouches d’égout béantes.
L’homme longe un chantier apparemment désert, balisé par des planches et quelques cordes vaguement tendues entre des poteaux. C’est là qu’il choisit de faire une pause. Il s’assoit sur une borne pour rappeler son correspondant.
Miguel le reçoit fraîchement. Un acheteur offre 5000$ de plus pour la pièce et serait même prêt à faire monter les enchères.
-Tu comprends, c’est un client fidèle, un Américain, il vient souvent nous voir. Difficile de…
-Quoi ? Hier tu m’as dit 20 000. Tu t’es porté garant. Dans ces affaires-là, il faut être de parole, sinon…
-Bon, pour toi, je te le fais à 26 000 et je dirai au type que c’est vendu, OK ? Mais fais vite. Tu dois m’apporter l’argent aujourd’hui même.
-Attends…J’ai même pas vu le masque ! Je demande à voir avant, quand même.
-D’accord. Mais moi, je ne transporte rien. Tu viens. C’est à Xochimilco, à 20 km au sud. En taxi tu en as pour 1h30. Je t’attendrai devant l’embarcadère du « Carmencita ». Pas de problème. Aucune crainte. Le dimanche, il y a plein de touristes. C’est une zone de canaux, de serres et de petits ponts. Tous les chauffeurs de taxi connaissent.
JAC, le 11 octobre 2013
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