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Voici une chronique, pour changer. Elle existe déjà in extenso sur le blog Sur le Zinc Bis. Mais elle sa vraie place ici, dans Popote & Papote.
Elle sera fractionnée en chapitre courts. On commencera par des généralités très subjectives (vous êtes prévenus!). Suivront des recettes et des tours de main sur les sujets de l'oeuf et du poulet.
Cette chronique a été entreprise en 2002, sur l'idée qu'il n'y a plus de poules ni d'oeufs dignes de ce nom, sauf à s'offrir le luxe insensé de monter un poulailler. La voie intermédiare consiste à se trouver un approvisionnement plus ou moins régulier et à cuisiner au hasard des arrivages. C'est la voie que j'ai choisie. mais vous ne me ferez pas manger un oeuf de supermarché ni de supérette, ni d'ailleurs un oeuf de vrac du crémier volailler du coin à l'origine inconnue.
Je bois du vin de vignerons que je connais. Je consomme les oeufs des poules que je connais.
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Prologue ovoïde
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Evacuons immédiatement l'éternelle interrogation sur la question de l'oeuf et de la poule, de l'alpha et de l'oméga.
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Et sans perte de temps, consacrons-nous à la pondeuse.
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Posons le principe qu'elle est à l'origine de l'oeuf. Sans poule de qualité, point d'oeuf du même label.
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Mais la poule de qualité existe-t-elle?
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On peut en douter. Dans la distribution, les gondoles du rayon "oeufs" nous ont fait oublier la poule, tout comme les congélateurs où s’entassent les croquettes panées nous ont fait oublier le colin, poisson fin (voir "Merlu Gueule d'Acier").
Un détail: chez votre boucher même, il se peut que des poulets bien jaunes et au demeurant appétissants portent de vilaines taches noires sur le gras des pattes. Ce sont des ulcères. Signe que le poulet a stagné au même endroit, condamné à l'immobilité.
On vous a refilé un poulet de batterie. Et le boucher a perdu un client.
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Frango do Campo avec des ulcères comme ça? Mon oeil !
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Rendons donc à César...
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En gros, la même distribution considère l'oeuf du point de vue quasi exclusif de sa date de péremption, seul critère objectif de comestibilité. C'est un principe de précaution destiné à rassurer le client quant à ses chances de survie dans l’effroyable spirale du tout industriel.
Notons au passage qu’il est de bon ton de ne pas crier haro sur l’industrie dans nos conversations de salon. Sinon, comment ferions-nous pour nourrir les masses ?
- Voulez-vous revenir aux temps de la disette?
- N’oubliez pas mon Cher que grâce à cette industrie que vous fustigez, l’abondance se ferait rare !
Ainsi soit-il. Et si la distribution B.O.F. (Beurre-Œufs-Fromages) se pique de parler encore de la mère de l’oeuf, c'est pour dire qu'elle vit au sol, ce qui justifie un surcroît de prix.
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La liberté se paye
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L’Engliche ou le Hollandais de base n’entendent pas payer. L’Engliche ne peut pas (il est pauvre) et le Hollandais ne veut pas (il est radin: NL= Nur Limonade et non Nederland).
Pour eux, un œuf est un œuf, que diable !
Et puis dès l’instant que le B.O.F de Manchester ou de Rotterdam est en règles, de quoi ce Français, du Pays basque d'abord, puis du Portugal ensuite, se mêlerait-il ? Et au nom de quoi?
La gent B.O.F. ment toutefois par omission. Vous ne lirez jamais que cette ponte au sol est surveillée, c'est-à-dire que la poule vit dans un goulag doré où elle dispose d'un espace de quelques décimètres carrés. D'où les ulcères.
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Y a un problème ?
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Ce détail la distingue cependant de sa sœur de bas de gamme, la poule de QHS, mise au trou pour deux mois, puis dézinguée en abattis, filets, soupes, cubes moelleux et autres bouillons ténébreux.
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QHS modèle légal:
550 cm² par poule, soit 23 cm par 23 cm. Hauteur, 40cm, quand même. Pente max: 8°.
Bonne nouvelle: en 2012, on passera à 750cm². Quelle bouffée d'oxygène!
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Sa seule distraction : les œufs qui défilent, la bouffe quotidienne réglée au chrono et le passage d’un photographe ahuri qui étouffe (poussière de plumes). Mais ne nous attendrissons pas inutilement, c'est la loi du genre gallinacé.
Là n'est pas la question.
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A noter que dans ce gynécée, il y a de l'espace (vu que les mâles ont été éliminés, à l'exception de coquelets sursitaires).
Mais les oeufs qu'il produit n'auront jamais la saveur de celui-ci:
Vrai oeuf de poule de poulailler, frit au plat et au beurre clarifié. Piment d'Espelette. Remarquez la tenue.
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C'est un oeuf alternatif
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Ainsi se nomment, dans le jargon industriel, les oeufs non pondus en batterie et respectant les lois élémentaires de la nature. Cela signifie que tel un Dernier des Mohicans, un dinosaure, je mange des oeufs alternatifs. Amusant, non?
Bien sûr, sentant le vent venir, les industriels se sont rapprochés de l'oeuf alternatif. En voici un exemple:
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Loué soit-il!
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C'est un fermier certes, bardé de labels, de garanties, de chartes, de traçabilités en veux-tu en voilà, mais ce ne sera jamais un oeuf de poule de luxe.
Vous allez voir que les hommes de marketing de l'alternatif vont bientôt nous les piqueter de caca de poule (de synthèse) pour faire moulé à la louche. La chose nous pend au nez.
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Chronique à suivre...
mes preocupations sont les suivantes ,donnez-moi:
-les generalites sur les oeufs des poules à couver;
-la reproduction complète et detaillée des poules;
-le developpement des oeufs lors de l'incubation;
-les types des oeufs des poules
Rédigé par : Ingenieur electromecanicien freddy | 02/04/2008 à 16:16
janus claudius, saludas
les poules de luxes résistent à la crise et à la propagande aviaire, dans la bresse. Alors après 2005, comment monter son poulailler, allez, racontes nous nourriture, la litère, les soins ...je ne suis pas pressée, j'y pense!!
a bientot!
Rédigé par : elise | 08/05/2006 à 09:53
Le retour de la poule de luxe! Tu as bien fait de la faire déménager ici.
Rédigé par : Elvira | 01/06/2005 à 13:22
Amusant la vogue de la tribu poule sur les blogs! Pour la petite histoire, j'ai crée "mon" poulailler et mon voisin n'a pas apprécié (5 poules.....) résultat : tribunal de police où mes pauvres "pit poules" ont été examinées à la loupe. Mon voisin a été débouté et nos poules nous régalent de leurs oeufs
Rédigé par : Marylène | 01/06/2005 à 06:19
Mon bon Jean Claude eh oui, je le connais ton numéro de la poule de luxe puisque yé mé suis offert ma prems leçon d'espagnol hier sur le bis. À même heure, j'y retourne ce soir. Il me faut de la rigueur horaire pour apprendre une langue. Je resterai attentive à cette hyper production-ci. Salut
Rédigé par : ana assunção | 31/05/2005 à 16:55
Sublime l'oeuf à la fin.
Mais c'est quoi cette histoire d'ulcères ? Tu me plonges dans le trouble. Sous les pattes d'un poulet archi "label rouge" et gambadeur que j'ai acheté l'autre jour, il y avait effectivement un petit tas noirâtre, que j'ai scruté pendant 5 minutes. Mon diagostic : boue/herbe agglomérée. Alors tu me tues si tu me dis que c'était un défaut organique ! (...Mais il est vrai que je n'ai ni touché ni reniflé ni goûté le dessous des pattes, alors il m'est interdit d'affirmer à coup sûr ;-)). Pour l'instant je reste avec mon interrogation, mais j'attends l'épisode suivant avec beaucoup d'intérêt.
Rédigé par : Miam | 31/05/2005 à 12:05