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Tout comme il existe un vertige de la page blanche, il existe aussi un vertige de la recette blanche. Champignons, oui, mais lesquels et comment?
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Quels champignons?
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A cette heure avancée de la nuit polaire qui couvre tout l'hémisphère nord jusqu'à Pâques, le seul champignon frais est encore celui de Paris. Certes, il n'a pas la folie de la morille en omelette, ni la noblesse du cèpe à la bordelaise, ni le gras de la pleurote mais il a l'avantage d'être cryptogame. Et donc, conforme à la mission du jour.
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Va pour le champignon de Paris d'une fraîcheur exquise, sorti de cave la veille.
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Comment?
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Là était la vraie question. J'avais du boeuf, des oignons, des tomates, de l'ail, de l'estragon au vinaigre et du vin rouge, plus une barquette de pommes de terre. Pompadour.
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J'ai alors improvisé une cuisine rustique dont le titre ne m'est venu qu'à l'instant de la mise en ligne: Bourguignon champignons Alla Estragonese. Tout est dans le titre. Il est certes alambiqué, mais la cuisine n'est-elle pas en soi une alchimie?
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J'ai choisi d'emblée la méthode fainéante, celle qui consiste à empiler les ingrédients dans une cocotte, à couvrir et à laisser faire à la grâce de Dieu (ou de qui de droit) pendant les deux heures qui ont précédé l'heure sacrée du dîner: 20h, l'heure du téléjournal, pour être sûr de rater les catastrophes.
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A H -180 (minutes), j'ai mis à réduire 1/2 litre de vin rouge et fait fondre un cube de bouillon de poule. Pendant ce temps, j'ai épluché mes champignons. Un régal, le bruit et les sensations tactiles de la lame du couteau qui tranche dans le blanc immaculé.
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J'ai taillé le boeuf en gros cubes.
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J'ai ciselé les oignons et les échalions, déshabillé quelques gousses d'ail, sorti une poignée de tomates Roma du congélateur et en voiture !...
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A H - 120, j'ai empilé oignons, ail, tomates, champignons, viande. J'ai mouillé avec le vin et le bouillon de poule jusqu'aux 2/3. J'ai salé, poivré puis parsemé d'estragon. J'ai couvert et j'ai laissé faire. Les parfums d'estragon ont vite enchanté la cuisine.
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A H - 30, j'ai mis au feu les Pompadour
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Et à l'heure H, je me suis régalé d'une espèce de bourguignon aux champignons de couche, né en Estragon, une nouvelle province du sud qui vient tout juste de sortir. Et qui va faire recette.
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Te souhaite de bonnes fêtes de fin d'année à toi et ta p'tite famille !
Rédigé par : sissi | 21/12/2005 à 01:38
Rien que de le dire "à table il y a du Bourguignon à la Estragonèse" les natifs de Cote d'Or se sentaient anthropophages. un peu coupables.
Maintenant que tu as inventé l'Estragonèse au Bourgogne, tu donnes l'absolution aux chevalier de la table ronde, oui oui oui, surtout si le vin est bon non non non
Rédigé par : jp | 20/12/2005 à 23:54
Un vrai bon petit plat, bien mitonné, sans fioritures, misant sur la qualité des produits. C'est pas une connerie de pseudo-chef, avec dans le titre "sur lit de" ou "avec son coulis froid aux herbes végétales déglacées à l'anglaise à la manière d'Alcacer". Bref, c'est du bon, du solide, comme j'aime.
C'est rien, je suis un peu énervé, mais tu me donnes faim.
Rédigé par : Joao | 20/12/2005 à 17:48
Une cuisine qui me plaît énormément. Et en plus, il y a de l'estragon. Il n'en reste plus dans le jardin, mais c'est à noter pour son grand retour.
Je me régale à l'avance.
Rédigé par : Mijo | 20/12/2005 à 14:29