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La chaleur, même si elle se calme toute cette semaine, se maintient ici, en Alentejo, à un niveau raisonnable. Qu'il pleuve (rarement) ou qu'il vente, le thermomètre ne descend plus guère en dessous de 20°, sauf nuit fraîche. Les besoins caloriques sont réduits.
La cuisine, depuis mai, a changé de tonalité. Elle est comme une musique légère, toute en majeur et en couleurs. Car elle doit glisser et se prêter aux improvisations.
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Ma cuisine sent le basilic, l'estragon, la coriandre, la menthe, l'origan, la sauge et le verbe d'antan. Hélas pas de cerfeuil, denrée inconnue au Portugal qui déjà a bien du mal à utiliser le persil. Elle ne supporte guère le 38e parallèle.
Cette cuisine se passe difficilement de poivrons, de tomates, de courgettes.
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Tiens, prenons la courgette pour essayer un truc. Le Portugal connaît peu la courgette. Mais Mémé Pescanova, ma voisine, en vend, au grand étonnement de la gent ménagère du canton. Je me permets alors de suggérer mille façons de cuire la courgette (JP est orfèvre en courgettes!).
Bien sûr, la courgette est jeune et ferme. Elle vient du jardin du fils de Mémé Pescanova (qui produit aussi haricots plats, tomates, navets, oignons, patates, salades).
Je ne savais pas avec quoi accommoder ma picanha, cette viande succulente d'Argentine, forte en gras et en saveur. J'ai trouvé le lien: courgettes et petites pommes de terre grelot (ferme).
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En-deça des pommes de terres grelot, admirez l'alguidar orange, la bonne à tout faire...
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J'ai attaqué tard le dîner. Pelé puis tronçonné les courgettes, un rayon d'huile d'olive dans une sauteuse, sel et hop! Petit feu à couvert en remuant de temps en temps. En un quart d'heure, elles étaient fondantes, le temps de cuire les pommes de terre. En fin de parcours, j'ai couvert avec les assiettes pour qu'elles demeurassent bien chaudes.
La viande, une poêle en fer lourd et bien ferreux (qui rouille si l'on n'y prend garde), un lit de gros sel de mer qui remplace avantageusement le téflon hypertechno, chauffage à mort (la poêle en fer ne se déforme pas) et jet spectaculaire de la viande sur ce tapis iodé:
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Crépitations, saisissement vif, mais ça ne colle pas, hé ! La viande prend une belle coloration blond doré. J'ai appris ça chez nos chers voisins Espagnols, au temps où j'étais basque. A poil Tefal peut aller se rhabiller!
Evidemment, j'ai éclusé le gras autant que faire se peut. Recto, verso, réduction des gaz, papier absorbant dans les assiettes. Terminé. A table. Délicieux. A vrai dire, il pleuvait à verse, ça tombait bien...
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Du coup, j'ai racheté des courgettes. Quatre jolies pour quarante centimes d'euros. C'est le gaz qui coûte le plus cher et de loin.
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Ô tempora, ô mores !
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A SUIVRE
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Attention à ne pas généraliser, JCP. Si le persil et le cerfeuil ne sont pas utilisés dans le sud, ça n'est pas vrai pour le reste du pays. Bien au contraire! On abuse du persil partout au-dessus de Lisbonne. Chez nous, c'est la coriandre qui est plus marginale, disons, bien que tous mes voisins en fassent pousser pour aromatiser les plats de poisson. Quant au cerfeuil, on en fait d'excellentes soupes, dans la Beira Baixa et le Nord.
Rédigé par : Elvira | 22/06/2006 à 20:24
C'est à des trucs comme "il pleuvait à verse, ça tombait bien" que je reconnais ton style, inégalé, à mon avis.
Moi j'aime quand tu vas, gourmand et goguenard, par les chemins d'la vie, à l'affut des bonnes choses semées ici-bas par le père éternel.
Merci, compadre épicurien.
Rédigé par : Phil | 21/06/2006 à 03:31
j'ai la poêle, a quand la suite ? au fait pourquoi tu pèles courgettes?
Rédigé par : Josy | 19/06/2006 à 04:44