-
Je ne suis pas grand quizzer, le mot, déjà, me fait autant peur que topic. J'ai bien dû, un jour, me laisser aller à répondre à un questionnaire pour un portrait chinois.
Si j'étais une auto, que serais-je?
-
-
- Je serais une SM, Citroën Maserati, comme celle que Guy Ligier avait spécialement conçue pour François Mitterrand, un rêve élyséen.
-
-
Je roule maintenant en Clio diesel, c'est dire si le goût des bagnoles et celui de la vitesse m'ont passé et dépassé. J'ai évacué cette folie en écrivant une nouvelle expiatoire, Les Week-Ends de Manolo. On peut la lire sur un de mes autres blogs, Plume au Vent (Lien en fin d'article). Mais la perche tendue par Patrick CdM en m'associant à ce questionnaire, je l'ai saisie avec enthousiasme, comme on saisit une amarre au vol, car j'aime l'esprit marin, iodé, péninsulaire de cet homme-là. Mes visites sur Cuisine de la Mer sont toujours un enchantement. Et dès que je cuisine un poisson, je pense à lui.
-
J'en viens au propos:
-
Les quatre livres de mon enfance
-
Les Misérables, Victor Hugo
Ma première initiation au voyage au long cours. J'avais neuf ans. Le livre, énorme, m'avait été offert par mon bien-aimé Tonton. Le livre est toujours atteignable dans ma bibliothèque. Récemment, en le feuilletant, j'y ai aperçu un détail qui m'avait échappé: le tampon d'une bibliothèque municipale sur la page de garde. Mon premier livre fut donc un livre chouravé.
-
-
La Fille aux Cheveux d'Or
-
-
Plus aucun souvenir de l'auteur, mais ce qui est important, ce petit livre a gravé mon premier souvenir amoureux pour une fille aux cheveux d'or et aux yeux d'améthyste. J'ai pourtant passé ma vie auprès de brunes, allez savoir pourquoi.
-
Le Capitaine Pamphile, Alexandre Dumas
A huit ou neuf ans, savoir déjà ce qu'est un brick de commerce qui répond au doux nom de La Roxelane, savoir comment le Capitaine parvient à apaiser une sédition à son bord est un tour de force.
-
Le Grand Cirque. Pierre Clostermann
On comprendra dès lors pourquoi je suis devenu un malade d'aviation. Tout petit déjà, j'avais les yeux levés au ciel et pas pour en attendre l'apparition de Marie, mais plutôt celle d'un Spitfire en radada.
-
Baissez la tête, un Spit', ça décoiffe...
-
Les quatre écrivains que je lirai et relirai encore
-
Céline
-
Au lycée, à la fin des années cinquante, il était de bon ton de mépriser cet auteur prolixe au verbe si particulier. Collabo, pétainiste, haro sans appel sur Louis Ferdinand Destouches.
-
-
Il était à l'époque plus politiquement correct de lire Aragon dont les sympathies envers le Bolchevisme triomphant l'emportaient sur les qualités littéraires. J'aime toujours la prose et la poésie d'Aragon, mais j'ai de la passion pour Céline, découvert sur les recommandations de deux compères céliniens qui furent mes meilleurs collègues de pub, Marco et Ferlinpimpin. Tout y a passé. Tout y repasse, de Voyage au bout de la nuit à Mort à crédit. Je peux commencer n'importe où, dans n'importe quel livre. Pierre Brasseur et Fabrice Lucchini ont conforté mon choix.
Car si Céline se lit, Céline se dit aussi. Et c'est un régal.
-
William Boyd
-
J'en ai parlé plus haut. J'ai commencé par dévorer Comme Neige au Soleil que j'ai lu sur les plages du Portugal au temps où j'y passais mes vacances. J'arpentais de long en large celle de l'Aldeia do Meco, livre en main.
-
-
Je bronzais, certes, mais pas tout à fait idiot, plongé dans cette guerre absurde dans l'Afrique Orientale de 1918 qui se poursuit au-delà de l'Armistice entre voisins anglais et allemands. Alors qu'elle n'aurait jamais dû exister au pied du Kilimandjaro, mont étranger aux règlements de compte européens. Ce roman cocasse étant assimilé, j'ai lu romans et nouvelles de William Boyd:
La Chasse au Lézard !
-
-
Patrick Grainville
-
-
J'y suis venu grâce à Pivot. Les Flamboyants, roman picaresque et délirant jusqu'à la névrose où j'ai vu d'emblée la caricature d'Idi Amin Dada en roi fou. Un rôle qui n'était pas de composition. J'ai dévoré. Mais curieusement, Grainville ne m'a plus intéressé par la suite. Verve et talents épuisés à mon sens. Un Prix Goncourt à l'âge de vingt cinq ans tournerait-il la tête? Je lis et relis Les Flamboyants comme on s'embarque sur un manège géant de montagnes russes. Des phrasés et des mots vertigineux. Du sang et des rires aux larmes. Et toujours ce spectre d'Idi Amin Dada, Le Grand Yulmata, mêlé de Jean Bedel Bokassa.
-
Pierre Desproges
-
-
J'ai tant à dire sur lui que je ne dirai rien. Au hasard, je tire Dictionnaire Superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis. J'ai tant ri un jour dans le train, entre Montreux et Genève, que j'ai communiqué mon fou rire à quatre businessmen Japonais qui revenaient sans doute d'un grand show chez Nestlé à Vevey où il n'était question que de stratégies de marché, de marketing, de brand, de products, de USP, Unique Selling Proposition.
Comme quoi Desproges est universel.
-
Les quatre auteurs que je n'achèterai
(ou n'emprunterai) probablement plus
-
Grainville
pour les raisons que j'ai dites.
-
JGM Le Clézio
-
J'ai tout essayé, mais en vain. Je n'arrive pas à entrer en matière. Fatigue dès la quarantième ligne. J'ai pourtant acheté beaucoup. Je revends, pas cher, si ça intéresse quelqu'un. Mais les frais de port seront lourds. On me dit que c'est dommage.
-
Bernard Henri Levy
-
J'ai cru naïvement que c'était grand, vu la grosseur des ouvrages. Mais qu'est-ce que c'est chiant! A revendre aussi.
-
Charles de Gaulle
Là, je vous parle d'un temps…
-
Je lis et relis par contre LA COUR, signé Ribaud et Moysan, vieille bible écrite à la manière de Saint Simon et qui décrit les fastes de la Cour Elyséenne sous Charles de Gaulle. On savait rigoler en politique...Et les Guignols n'étaient rien à côté.
-
-
Les quatre bouquins que j'emmènerais sur une île déserte
-
Pas facile, ce choix.
Robinson Crusoë me vient tout de suite à l'esprit. Toutefois, je remplacerais volontiers Vendredi par La Fille aux yeux améthyste. Question de maintien.
-
L'or ou Bourlinguer, de Blaise Cendrars, à pile ou face.
-
Exercices de Style. Raymond Queneau.
-
Histoires Naturelles. Jules Renard.
-
" LE BROCHET:
Immobile à l'ombre d'un saule, c'est le poignard dissimulé au flanc du vieux bandit
-
LA BALEINE:
Elle a bien dans la bouche de quoi se faire un corset, mais avec ce tour de taille !...
-
LA PUCE:
Un grain de tabac à ressort"
-
Ces mots délicieux, je les ai aussi entendu dire par le comédien Christian Marin qui fut le fameux Laverdure des Chevaliers du Ciel. Une toute petite salle et lui, sur une toute petite scène, ciselant du Jules Renard.
Cette France là me manque énormément. Felizmente, il me reste les livres et la voix de Christian Marin qu'il me suffit d'imaginer.
-
-
Les quatre premiers bouquins
de ma liste de livres à (re)lire
-
Il fut un temps où je faisais des listes, ne ratant jamais "Apostrophes" ni "Ouvrez les Guillemets" de Bernard Pivot, ni "Caractères" du regretté Bernard Rapp. Cela m'a passé. Je ne regarde plus la télévision depuis belle lurette. J'ai bien une antenne parabolique qui capte des chaînes françaises, mais elle est couverte de fientes de cigognes. On ne peut pas tout avoir.
-
Vingt Chambres d'Hôtel de Dominique Rollin,
merveilleuse romancière belge.
-
-
Dictionnaire amoureux de Venise, de Philippe Sollers.
-
-
Les deux livres sont liés. Dominique Rollin et Philippe Sollers ont vécu une passion commune, l'un pour l'autre et pour Venise. Il y a du Casanova dans l'air.
-
Histoires Naturelles, Jules Renard
-
Jules, encore et toujours. Extraordinairement "moderne" pour son siècle.
-
" LES FOURMIS:
Chacune d'entre elles ressemble au chiffre 3.
Et il y en a! Il y en a!
Il y en a 333333333333... jusqu'à l'infini ".
-
Je suis le badaud de moi-même, Jean Carmet.
-
-
Je ne m'en lasse pas.
-
- Dire que j'aurais pu naître avec une trompe: j'ai une mémoire d'éléphant...
-
est un de ces mots-phare qui emportent l'affection à jamais. Je reboirai bien une gorgée de Bourgueil à chaque page.
-
Les (quatre fois quatre) derniers mots
d'un de mes livres préférés
-
Les Flamboyants:
-
- La panmétamorphose du Yulmata est maintenant absolue, sacrée, immémoriale.
-
Je rajouterais une question:
-
Quels sont les premiers mots d'un de mes livres préférés?
-
Car j'achète souvent en librairie, sur l'impression de l'incipit, le coup d'envoi de la plume, l'envolée qui promet, telle celle de "Comme Neige au soleil, de l'auteur anglo-australien William Boyd, par ailleurs grand francophone, ce qui est rare chez les Australos de bibliopithèque:
-
- A ton avis, que se passerait-il, demanda le colonel Théodore Roosevelt à son fils Kermit, si je tirais dans les couilles d'un éléphant?
- Père, répliqua Kermit, imperturbable, je crois que cela lui ferait très mal
-
Les quatre lecteurs (lectrices) dont j'aimerais connaître les quatre…
-
JP,
Chedozot...
Ce dernier n'a pas de blog encore, mais avant d'être un fidèle lecteur des miens, il est mon unique cousin germain. Une pièce rare. S'il veut bien emprunter l'un de mes blogs...
-
Et maintenant, assez musardé, tambouille !
-
Des saupes...
-
-
C'est juste pour titiller Patrick CdM, car je m'attends à recevoir une bordée de sa part, relativement à ce poisson.
-
Appendice
-
L'intérêt de ce questionnaire est aussi de vous obliger à rouvrir des livres dans lesquels parfois dorment des billets doux, des factures, des relevés de banque.
D'un coup, on prend conscience d'avoir vécu.
Merci Patrick !
-
Copyright JCP
-
LIENS:
Les Week-Ends de Manolo, sur Plume au Vent.
Cuisine de la Mer. Index des recettes.
-
Tout-à-fait d'accord avec toi en ce qui concerne les écrits de Le Clézio : moi non plus, je n'ai jamais réussi à passer la deuxième page.
Comme dans ses interviews, il est ennuyeux.
Rédigé par : Phil' | 29/04/2007 à 21:39
Cher JCP,
que j'aime tes choix (a part Celine, que je n'ai jamais reussi a lire), Desproges, Carmet, Queneau, et Boyd, celui la je l'adore. Tu me donnes envie de me replonger immediatement dans ses bouquins. Je n'ai jamais lu Grainville, voila une lacune a combler.
Rédigé par : Gracianne | 26/04/2007 à 14:52
et bien ça va me donner du travail
il faut répondre à toutes ces questions ?
jp
Rédigé par : jp | 24/04/2007 à 22:14
Sujet de papilles à se délecter l'esprit, Cézanne ne nous offrait-il pas comme des mots choisis la dégustation transcendée de ses pommes, alors qu'elles n'étaient sur le tableau qu'une expression des vues de son esprit , ... et combien d'autres avant (et après) lui, dont on se délecte de la nature des représentations ou évocations oh combien suggestives, que l'on qualifie pourtant de "natures mortes" !
Hors la nature des mots est une nature vivante qui s'insinue si bien dans notre esprit qu'il n'est besoin que de leur consonnance pour susciter évocations ou représentations aptes à titiller nos papilles telles ces délicieuses recettes dont la seule lecture déclenche chez tout bon épicurien (et même pas forcément bibliophile) des réflexes pavloviens totalement non maîtrisables ...
C'est dire Cher Jean si les quatre livres auxquels je suis le plus attaché se bousculent pour évoquer bien des choses, puisant leurs racines multéiformes de l'imaginaire le plus débridé ou l'humour le plus cocace aux réflexions les plus éminament sérieuses et compliquées !
Outre le fait que tes choix, avis et opinions sont étrangement et en grande partie aussi les miens (j'aurais mis Desproges parmi les 4 avec ses références aux cons), le premier en bonne place, à cause de l'influence poétique et aventurière qu'il a eu sur mon existence - sans compter les choses de l'air où le vol tient une place essentielle - est Antoine de Saint-Exupéry avec Citadelle où St-Ex met en exergue la valeur de l'échange et des liens qui tissent sur des citadelles de sable des forteresses plus solides par le coeur des hommes qui en font le ciment .
Le second,alors là on change complètement d'atmosphère je vous en cite une phrase que j'aime bien, : "Si la fortune vient en dormant, ça n'empêche pas les emmerdements de venir au réveil" ou encore "L'orgue de Barbarie est à la figue du même nom ce que la trompette bouchée est au cidre" et encore "Celui que la fumée n'empêche pas de tousser et que la toux n'empêche pas de fumer a droit à la gratitude de la Régie française des Tabacs" ! Vous aurez reconnu Pierre Dac dont les "Arrières-pensées et maximes inédites" constituent avec ses autres publications une référence incontournable .
En 3 et pour des raisons liées à mon enfance, (avec la condition humaine qui s'en dégage, sa dimension épique, son regard de "scrutateur de la lutte pour se survivre", son lyrisme, etc.), vient Victor Hugo dans "La Légende des Siècles" (je sais, c'est "classique" mais lire "entre les lignes" ça fait réfléchir mais c'est beau!) et je ne peux sans évoquer ce monument en citer ces trois vers tirés des songes de Rtuh : "...Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles."
Et pour terminer je continue avec un livre un peu "sérieux" mais c'est par atavisme et il est sur mon chevet car j'y reviens souvent : "De l'art à la philosophie" de René Huyghe essentiel selon mon point de vue pour qui s'intéresse à l'art car ce bouquin "remet les pendules à l'heure" dans un monde où l'art a perdu ses repaires, où les valeurs fondamentales de l'art sont "rengardisées" pour ne pas dire tout simplement niées par certaines de nos "élites bien pensantes" ...
J'en citerai cette simple phrase (p.191) : "On ne fait pas de l'art avec des principes" et je rajouterai personnellement aujourd'hui ..."avec des concepts" !
Rédigé par : Alain MARC | 24/04/2007 à 14:49
Sur mon livre de référence, la saupe est marquée "Sa chair molle est peu estimée". Je n'ai jamais goûté, mais son proche cousin le marbré est un délice... Je lis aussi qu'elle se nourrit essentiellement d'algues et d'un peu de crustacés, les poissons brouteurs, ce n'est pas vraiment ce que je préfère!
Je me doutais bien que je ne faisais pas d'erreur en t'envoyant ce questionnaire, et d'ailleurs, j'ai trouvé beaucoup de points communs avec les miens, et parmi ceux que j'aurai pu citer : Céline, Renard, Desproges, et curieusement, le même engouement pour Les Flamboyants, et pour celui-là seulement de PG! Et l'envie du coup de lire Carmet.
Et puis arrête de me balancer des compliments comme çà, je vais être obligé de faire pire! Merci pour tout!
Rédigé par : Patrick CdM | 23/04/2007 à 19:38