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On ne parle que de petit salé lentilles. J’en sors du petit salé lentilles. Alors, pourquoi ne pas essayer le petit salé et sa potée de légumes indigènes ?
Y ajouter de l'or et en l'occurrence, de l'huile du moulin, en remplacement du pur gras de porc qu'une savante ébullition transmutera en gélatine goûteuse qui peut se déguster sans arrière pensée...
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Une chance au passage, voire trois chances :
1- J’avais glané de la sauge fraîche chez JP
2- Un bon morceau de poitrine de porc chez Carlos, mon voisin alentejan, naguère citoyens de Louviers, ainsi que Madame, trente trois ans de Normandie. Cela facilite le dialogue. Excellente découverte.
3- Un plein de légumes, carottes, pommes de terre « œil de perdrix », céleri en branches (Aipo), navets (Nabos) d’une douceur exquise, haricots verts plats de chez Maria Felizberte, celle qui m’appelle «querido» ou plus tendre encore «meu menino», mon petit. Je suis un sentimental, mais en matière d’alimentation indigène, je suis féroce. Car je ne mange qu’indigène.
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Mangeons indigène
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Assiette indigène, digeste et pas indigente. Mais où donc avez-vous vu du gras?
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J’ai dû faire des efforts pour employer ce mot qu’Hergé, par la bouche de Tintin ou du capitaine Haddock, employait avec ce mépris condescendant de la Belgique coloniale. Tintin au Congo…Mon père même, faisant son service militaire au Maroc en 1926, était attaché au «Bureau des Affaires Indigènes».
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Les Suisses d’abord m’ont aidé à réemployer le mot dans son vrai sens. Les indigènes de Crans Montana ou de Montreux sont de purs Suisses, par opposition aux étrangers de plus en plus nombreux qui convoitent le statut d’indigène, mais n’y parviendront jamais. Les tarifs de la piscine de Montreux variaient selon qu'on soit indigène ou non, crois-je me souvenir.
L’art culinaire m’y a aidé aussi. Manger indigène, c’est manger du local, pas des pommes de Chine (désolé, il n’y a pas de contrepétrie) ou des fraises du Chili, voire de l’ail espagnol. Comment? N'y aurait-il pas d'ail du Portugal? Allons, soyons sérieux!
Manger indigène, c’est faire vivre ceux qui vous entourent et vous permettent ce luxe inouï d’affirmer :
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- Un produit, un visage, um produto, uma cara
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Plus encore qu'un visage, une voix, un regard, des mots agréables, des petits cadeaux (Merci Maria pour les radis de ton jardin).
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Un produit, un visage
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En échange, je donne de la fidélité et sans aucun doute de l’amitié à mes commerçants. Les acheteurs de pommes Fuji de Chine (enrobées ridiculement dans leur petite couette de Chine en polyéthyloplastock expansé pour faire joli), ne peuvent pas en dire autant. Eux, c’est un produit et une vague entité géographique, plus grande que l’Europe, assoiffée de croissance galopante et des milliards de coolies qui triment à la gloire du socialisme de marché, un bien joli nom enrobé de guimauve.
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En cuisine
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Le petit salé, je l’achète fade, cru, je le sale au gros sel et je l’oublie deux jours au réfrigérateur. Au moment de le consommer, j’essore le sel, j’éponge et je le place en petite cocotte, juste recouvert d’eau froide avec un bon bouquet de sauge. Une heure et demie d’ébullition contenue sous couvercle.
Même traitement aquatique pour les légumes, jetés dans l’eau bouillante salée en prenant soin de ne cuire les haricots et les navets qu’en dernier. Les pommes de terre sont mises à l’eau froide. Evidemment.
Je sale à peine. Car le porc est déjà à point.
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Service
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Une assiette chaude, un morceau de porc, les légumes, des brins d’ail et un trait d’huile d’Olive Nouvelle comme on dit Beaujolais Nouveau. Merci JP et Ann pour l’Azeite Novo de Natal.
Le porc donne soif. J’ai essayé un vin blanc très harmonieux, un EA (Eugenio de Almeida). Une étiquette minimaliste, juste les initiales EA, mais un vin divin. Valeur à suivre, de l’Adega Cartuxa, Alentejo. J’aurais tout aussi bien pu boire un Côtes-du-Rhône si je n’étais pas aussi éloigné des caves de Visan ou de Vinsobre.
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En bref C’était bon.
Et on a bien fait de vivre ici, comme dit l'autre.
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Les produits de la terre, c'est ce que l'émir adore...
Rédigé par : JAC | 26/01/2008 à 05:41
Coucou, t'as vraiment le chic de me mettre l'eau à la bouche, même de bon matin ! heureusement que t'as pas dis "or noir" ! Entre ton coin paradisiaque, et tes bons produits de la terre ! tu vis comme un émir !!! Bisouss
Rédigé par : Josy | 26/01/2008 à 04:16
quelle jolie note
cette huile nouvelle de chez Gallo est une petite merveille...
férocement indigene
c'est une belle idée que ces légumes de jardin au salé
car le porc indigène
ça n'est pas rien non plus
Rédigé par : jp | 25/01/2008 à 13:39
tu as certes bien fait d'aller vivre la-bas, ne serait-ce que pour nous faire admirer de loin une bouteille d'huile d'olive.
Mais dis, tu m'interesses, tu fais toi-meme le petit-sale? Celui que j'achete n'est pas bon. Juste du sel tu lui mets? Dans quelle proportion? Et quel type de gros sel?
Oui, je sais, je pose trop de questions.
Rédigé par : gracianne | 24/01/2008 à 13:24
Ah oui, JACquiesce : les travers, mais marinés au nuonc mam, légèrement pimentés et grillés au caramel... Oh bon sang !
Bon, sérieusement, je crois que tu es en train d'inventer une sorte d'aïoli de terre, toi. C'est presque ça. Merci pour cette belle recette, goûteuse et légère. C'est tout ce que j'aime.
C'est le paradis terrestre, dis-moi ! Les fruits et les gens t'y régalent, les matrones te chouchoutent maternellement, ça ne trompe pas : tu es accepté. J.-P. a raison, tu as raison, vous avez bien fait.
Rédigé par : Phil' | 24/01/2008 à 02:45
Tout est bon dans le porc . Nous saluons les amateurs de travers qui nous regardent...
Rédigé par : JAC | 23/01/2008 à 10:06