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La cuisine du poisson ne se prémédite pas. Un poisson arrive parfois, en coup de vent. Il faut savoir le saisir. Certes, j'avais grande envie de poisson après toutes ces agapes de cucurbitacées qui ont fait mes choux gras dans la précédente note.
Chez nous, un klaxon hurle au poisson sans crier gare. Une fourgonnette s'arrête. En descend une accorte jeune fille qui vous sourit. Elle soulève ses hayons, découvrant ses caisses de polystirène remplies de sardines et de chinchards. Une caisse est presque vide. Il y reste une dorade, une seule, une belle, une royale à l'oeil vif. J'enlève !
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Mais pourquoi olympique, me direz-vous?
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Ceci procède d'une série de hasards et comme il n'y a pas de hasard, je crois que j'ai été guidé par une main invisible qui a mis le doigt sur une bouteille de pastis Janot, d'Aubagne.
Aubagne, pas loin de Marseille.
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Olympique, la chose se tenait ou plutôt, j'avais là un fil conducteur. De fil en aiguilles, j'ai échafaudé une recette de dorade flambée au pastis et fourrée au fenouil, pour que ça sente Marseille à plein nez, une façon de me remémorer les belles tranches de vie vécues dans la Cité Le Corbusier, l'année où Jacques Brel fit sa malle...
Droit au but, par conséquent...
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Je n'ai rien inventé, à partir de ma base classique, huile d'olive, oignon, ail, laurier, tomate très mure dépecée, vin blanc. J'ai seulement rajouté des poivrons en très fines lamelles, dont un poivron violet succulent de LOF. Du rouge, du vert et du violet.
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Allez donc savoir pourquoi, cette fois, au lieu de ciseler les oignons, je les ai coupés en fines rondelles qui se sont détachées en cercles. J'ai d'abord monté le logo Audi sur ma dorade. C'était absurde.
C'est alors que le logo olympique m'est apparu comme une évidence nécessaire et suffisante. Cinq cercles, une rangée de trois, une rangée de deux. Et en avant l'Olympique de Marseille!
Trente minute de cuisson à four très chaud ont suffi à caraméliser les cinq rondelles olympiques. Profitons-en. Bientôt, nous serons inondés, sursaturés de ces cinq rondelles emblématiques. C'est un péquin qui vous le dit.
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J'ai flambé au pastis d'Aubagne. Paul Ricard m'en voudra-t-il?.
Ô la belle flamme olympique !
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J'ai accompagné d'une pomme de terre et de haricots mange-tout ciselés au Bean Slicer: cuisson ultra rapide, saveurs intactes. Je prenais ce petit outil pour un gadget. Erreur. Il est indispensable pour extruder de fines flagelles de mange-tout. Je ne jure plus que par lui.
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Voici comment, en partant d'une simple dorade, on atteint des sommets gustatifs. De toutes les dorades que j'ai pu goûter, celle-ci frise l'orgie byzantine, ce qui me fait dire qu'avant, je n'avais jamais mangé de dorades.
Attention cependant quand vous achetez une dorade qui vous paraît loyale ! Posez la question:
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- C'est bien une dorade capturée en mer?
- Oui!
- Vous me certifiez que ce n'est pas une dorade de ferme marine ?
- Affirmatif (ve), monsieur l'emmerdeur !
- C'est bon. J'achète.
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Vous l'aurez sans doute constaté, le poisson est de plus en plus élevé comme les truites, les saumons, les loups, les turbots. Et ça n'a plus le goût de rien, comme les tomates Saveol. Même chez nous, pays de mareyeurs et de poissonniers, l'aquicultura fait son apparition et tend à prendre de plus en plus ses aises sur les étals. Illusion du prix ! Abdication du client-roi !
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Sachons tout de même que cette dorade capturada, toute olympique qu'elle fût, ne m'aura coûté que cinq euros, soit 2,50 la portion. L'accorte jeune fille et ses hayons m'a confirmé qu'elle vendait exclusivement du poisson de mer et pas du poisson de piscine "bon pour le chat".
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Ce poisson-là me rappelle le faciès d'un prof de sciences-éco. Serait-ce pour son faux aspect argenté ou son air un rien perplexe (sa science n'étant pas exacte)...?
Rédigé par : Phil' | 31/07/2008 à 04:34
Un péquin s'échine mais on s'est tous fait en Tibet.
Rédigé par : jac | 25/07/2008 à 09:06
Un péquin s'échine mais on s'est tous fait en Tibet.
Rédigé par : jac | 25/07/2008 à 09:05