-
-
Soyons précis: la cucurbite est cette partie renflée de l'alambic, ainsi dénommée pour sa ressemblance à une cucurbitacée.
La famille des cucurbitacées est une grande famille (parfois d'obèses) à larges feuilles parasol, soutenues par des tiges rampantes. Elle va du riquiqui cornichon à l'opulente citrouille, en passant, inévitablement par le concombre, ce conquistador des jardins, du mien en tout cas. Elle compte aussi parmi ses membres, la pendouillante lufa (ou luffa), la courge éponge qui gratte les zones inaccessibles du dos comme personne, desquame, mais ne se mange pas. J'aime les cucurbitacées qui se mangent, tels la courgette et le concombre. Les autres m'amusent.
-
Régulièrement, j'exécute ce potage ou plutôt, cette crème de courgette et chou-fleur que m'a enseignée JP. Parfois cependant, j'improvise des soupes étranges que y a que moi qui les fais, comme aurait dit Jean Yanne, si son cœur ne l'avait pas emporté beaucoup trop tôt au paradis des artistes. Je viens pour ma part de survivre à une étrange soupe, venue d'abord d'un jus de cuisson de délicieux haricots à écosser marbrés, d'une belle fraîcheur maraîchère, achetés au pied levé, au cul d'un triporteur.
-
-
Nous n'avons pas conscience du luxe inouï que représente de nos jours, la présence d'un triporteur. Un luxe, oui ! Le seul vrai, peut-être. Le luxe a perduré dans une préparation indigène classique, avec oignons, ail, et produits du jardin, tomates (les premières de mon cru), céleri, bouquet garni frais cueilli, aussitôt ficelé, puis jeté dans la décoction où cuisaient les haricots à petit feu.
-
-
-
J'ai dégusté avec une petite côte de bœuf, certes un peu raide, car la boucherie ne s'embarrasse plus de rassir la viande. First in, first out, c'est la loi du business. Nonobstant, la côte était bonne et son mariage fayoteur réussi.
-
-
J'ai congelé le reste de haricots (non bis in idem) et gardé une bonne casserole de jus épais (tomate/oignon confits) sous le coude.
Le jour suivant, faisant l'inventaire du réfrigérateur, j'ai retrouvé un quart de litre de jus de tomates, venues d'une cueillette effectuée à LOF quelques jours auparavant et que j'avais transformée en coulis pour l'hiver (recette Michel Guérard "La Cuisine Minceur"). Le jus a rejoint la décoction de haricots.
Et puis, il me restait sur les bras un fond de mange-tout, plus deux courgettes nouvelles. On devine la suite. Ebullition, jet des mange-tout, puis des courgettes tronçonnées. Quand le tout a été jugé à point, j'ai mixé au Braun 600W Turbo, la plus belle invention du siècle. J'ai obtenu un potage acidulé (tomate), arrondi sur les bords par les courgettes. Exquis! Je l'ai consommé froid, une sorte de carpaccio à la mode d'Almograve. Il aurait fait merveille sur des œufs durs ou mollets ou pochés, pensé-je dans mon for intérieur, tout en le déglutissant avec des ah! lascifs.
-
Carpaccio almogravense "que y a que moi qui le fais"
-
Le potage cucurbito-fasoleo-pomodoré a donc fait merveille le lendemain sur des mollets, lors d'une dînette d'un soir chaud où l'on s'amuse d'abord d'un concombre/ciboulette et d'une poignée de radis, pour finir sur des cerises noires, une fois les œufs gobés.
-
Il me tarde quand même de revenir au poisson, mais en ces temps d'invasion balnéaire, le prix du poisson a franchi la barre que je me suis fixée. Laissons les touristes gaspiller leurs économies.
-
N'empêche, une sole me ferait bien du bien, demain, pour changer des cucurbitacées. Tiens ! Une dorade royale vient de passer sous mon nez. Va pour une dorade grillée.
-
très drôles tes photos
je me disais bien quant tu as embarqué ces curbites ridicules qu'il y avait quelque chose dans l'air
inévitable
la femme du curbite, lui tend son cure dent
Rédigé par : jp | 23/07/2008 à 22:40
Belle note, délicieusement gourmande, comme toujours. On rêve les parfums que tu évoques. La première et la dernière photo sont su-per-bes.
Rédigé par : Phil' | 23/07/2008 à 01:26
je serai là pour la dorade alors! Et pour les haricots aussi... puis encore pour la côte...
Rédigé par : Lavande | 22/07/2008 à 20:26
Ta côte semble un peu dure. Attention,une petite nerveuse n'est pas souvent tendre au palais.Et pour reprendre la déception de Bourvil dans "La grande vadrouille" :
-Y a pas délice , hélas!C'est là qu'est l'os!
Rédigé par : jac | 22/07/2008 à 17:41