5 – Dugrober, Eulalie et les taxis
de la Marne
Dugrober, notre grand-père, était un remarquable
pédagogue. C’est ainsi qu’il m’a, dès 1940, appris la géographie en prédisant
l’arrêt de l’avance allemande sur chaque fleuve ou rivière de Belgique puis de
France. Grand-père tenait de son expérience de 14-18 une foi inébranlable (il
disait « inébranlââb’ ») dans le caractère infranchissââb’
des obstacles naturels. Après m’avoir enseigné que les forts de Liège et de
Namur étaient imprenââb’ et la Meuse incontournââb’, Dugrober se
replia en bon ordre sur l’Yser aux souvenirs glorieux (Ah !... Nos
vaillants alliés belges !... Le roi Albert Ier, le « Roi-soldat »
et son cheval blanc !...). Puis il décrocha sur l’Aisne, ensuite sur la
Marne, tout particulièrement infranchissââb’…
(Dugrober, le grand-père conteur
et pédagogue de Jacqueline, JCP, JAC et Chedozot. Inimitââb’ !)
La Marne avait une place privilégiée dans les exposés
de Grand-père. Il m’a toujours raconté que sa mère, notre arrière-grand’mère
Eulalie, était morte en apprenant la victoire de la Marne. Je lui laisse la
responsabilité de sa version de l’Histoire… A toi de raconter, mon Dugrober
adoré :
Donc, début
septembre 1914, Eulalie se mourait. Elle qui avait connu l’occupation
prussienne de 1870 était inconsolable devant la ruée allemande d’août 14 qui
avait conduit en quatre semaines les « casques à pointe » aux portes
de Paris. Mais voilà soudain que le général Joffre lance dans un sursaut son
fameux ordre du jour : « Plus aucune troupe ne devra reculer. Ceux
qui ne pourront pas avancer devront se faire tuer sur place ». Chacun
retenait son souffle et Eulalie n’était pas la dernière à retenir son dernier
souffle : le miracle allait-il avoir lieu, l’ennemi allait-il être stoppé
à 50 kilomètres de la Capitale ? Eulalie voulait connaître le résultat
avant de prendre congé. Elle s’économisait, la Eulalie, elle respirait
lentement, affalée sur une quadruple épaisseur d’oreillers. Elle attendait les
nouvelles du front…
Pendant ce
temps, poursuit Dugrober, cet imbécile de von Klück commet l’erreur irréparable
(ou plutôt : irréparââb’) de faire pivoter son armée pour
contourner la capitale par le sud-est, prêtant ainsi le flanc à la garnison de
Paris. Une armée allemande qui pivote avec ses casques à pointe, ses bottes,
ses tambours et ses fifres, c’est pesant, ça coince et ça grince. Et Dugrober
joint le geste à la parole, met en mouvement ses 100 kilos et plus, se
déhanche, donne un coup de cul pour bien illustrer la lourdeur du
mouvement de rotation…
Et voilà un
stupide régiment saxon qui s’enlise dans les marais de Saint Gond ! Foch
n’en fait qu’une bouchée ! Et voilà Gallieni, vif, souple et agile comme
le jaguar qui charge ses dernières troupes fraîches dans les taxis de la
compagnie G7 réquisitionnés pour la circonstance. 6000 hommes amenés dans la
nuit par 1300 taxis Renault AG-1, tous phares éteints, frappent à l’aube sur le
flanc de la vilaine bête ! Ah ! Les braves gens ! Dugrober fait
une pause…
(Taxis de la Marne et autobus à plateforme vont
faire pencher la balance en faveur des Alliés. Le comte André Walewski,
arrière-petit-fils de Napoléon 1er, directeur des taxis G7, en
tirera 70 102 francs entièrement payés par le Trésor public !)
Flash back sur Eulalie : Dugrober maîtrise déjà les
« effets spéciaux » ! Elle s’économise toujours, la Eulalie,
elle veut savoir avant de partir. On se presse, on lui tient la main, on vient
de son Piémont natal (« Ils sont venus, ils sont tous là, elle va
mourir, la mamma… »). Les premiers communiqués sont rassurants,
l’espoir renaît… « Pourvou qué ça doure » susurre
Eulalie avec un clin d’œil…
Enfin,
l’heureuse nouvelle arrive ! Paris est sauvé ! Von Klück a bêtement
repivoté en pleine pagaille, von Bülow a pris la tangente au lieu de lui porter
secours, les vaillants alliés anglais sous les ordres du général French, au nom
prédestiné, en ont profité pour enfoncer un coin entre les deux, le général
Franchet d’Esperey s’est introduit dans la brèche…! Des messagers haletants
comme le coureur de Marathon se pressent dans la chambre d’Eulalie et clament
la bonne nouvelle : c’est la victoire !
Alors, dans
un dernier sursaut, Eulalie se soulève et exhale son ultime message :
« Maintenant, mes enfants, je peux mourir tranquille ! Vive
la France ! ». Les quatre oreillers glissent et tombent et
Eulalie s’effondre !
C’est la vérité vraie, affirme Dugrober. Se
non è vero, è bene trovatto ! Inculquer à un gamin un intérêt pour
l’histoire et en même temps pour la généalogie familiale, ça vaut bien quelques
petites libertés avec la rigueur scientifique… Grâces soient éternellement
rendues à Eulalie, Dugrober et aux taxis de la Marne !
(La Renault AG-1 transportait cinq hommes et un
chauffeur)
Daniel Bas
26 mars 2010.
RECTIFICATIF
Notre GRAND PERE recherchait LE SYSTEME DU
MOUVEMENT PERPETUEL,tel était le thème de sa
démarche.
Le Général de GAULLE disait:Il y a les
chercheurs,et il y a les trouveurs!!!
PAGANINI a imaginé ce MOUVEMENT PERPETUEL
Au célèbre concert DU NOUVEL AN,à VIENNE,on
entend chaque année:PERPETUUM MOBILE,JOHANN
STRAUSS (Par KARAJAN c'est aussi une grande
interprétation)
On attend toujours des TROUVEURS .Quiquine.
Rédigé par : Jacqueline Paulus Petit | 07/04/2010 à 11:36
Notre DUGROBER cherchait depuis très longtemps
LE SYSTEME DE LA ROUE PERPETUELLE.Attablé
devant cet ensemble de boîtes de conserves
aplaties,soudées entre elles qui étaient
censées faire tourner cette mécanique,notre
GRAND PERE était parfois découragé ,mais dans
ses moments d'euphorie,il me faisait des
promesses!!!Si je trouve,je te ferai un beau
cadeau.J'espérais une QUATRE CHEVAUX RENAULT,c'était la plus petite auto rêvée
dont on commençait à parler!Non,DUGROBER
n'était pas d'accord,j'aurais ...le temps
venu UN VELO AVEC MOTEUR si...
Et on se chamaillait ,mais il n'a pas crié
EUREKA,il est parti avant de trouver!!!
Quiquine.
Rédigé par : Jacqueline Paulus Petit | 03/04/2010 à 15:29
Tu me rappelles l'histoire du Président Felix Faure, mort dans les bras de sa maîtresse qu'on appela ensuite la "pompe funèbre". Le médecin appelé en toute hâte à l'Elysée aurait demandé: "A-t'il toujours sa connaissance?" et il lui aurait été répondu: "Non, elle est partie discrètement par l'escalier de service".
Rédigé par : Chedozot | 02/04/2010 à 08:41
Brave arrière GRAND MERE EULALIE,qui écrivait
à son fils JULIEN,notre DUGROBER aimé:
Tu viendras déjeuner Dimanche et tu pourras
amener TA CONNAISSANCE !Il lui fallait savoir
si LA CONNAISSANCE en question serait digne
de son fils !!!LOUISE,notre GRAND MERE LAZO
fût digne de JULIEN,
Coucou Petite ZO,tu étais si menue et si
discrète !!!
QUIQUINE.
Rédigé par : Jacqueline Paulus Petit | 01/04/2010 à 15:33
En effet. Ton père, lui, a entendu Eulalie. Il écrit dans son essai "Mon père" qu'elle avait l'accent de Briançon et qu'elle aimait la cuisine à l'huile d'olive... Rien d'une Normande!
Rédigé par : Chedozot | 28/03/2010 à 09:17
Je viens de réaliser combien le son de la
voix de nos aïeux nous manque .Il est évident
que notre arrière Grand Mère,EULALIE ,n'avait
pas l'accent normand.Venant de BRIANCON,avec
des parents Piémontais,les mots Italiens
devaient remonter à la surface !
Nous ne sommes pas cent pour cent Français,
avons nous nos cartes de séjour ?????
Quiquine .
Rédigé par : Jacqueline Paulus Petit | 28/03/2010 à 08:45