Cocode, 72 ans, bon anniversaire!
Voici revenues les brumes de novembre, la cascade des anniversaires familiaux qui tombent comme feuilles d'automne… Lucullus prendrait 107 ans, La Zo bientôt 132, la Miss Mérou 112 le 2 décembre. Le patriarche Chedozot compte s'accrocher jusqu'au 24 de ce mois pour fêter ses 80 ans! Et toi, gamin, qui osais me disputer le titre de doyen dans ton e-mail du 11 octobre 2006:
"Mon bon doyen Chedozot, je n'y avais jamais réfléchi. Tu sais comme je suis Jean de la Lune. Eh oui, je dois me rendre à l'évidence, tu es le doyen Chedozot, suivi de peu par la Doyenne Quiquine. J'avais eu une prémonition de doyenneté lorsque je fus invité à reprendre la place de Lucullus, en bout de table, face à la fenêtre et aux dangers potentiels. C'était le lundi 4 novembre 1996… J'en ai toujours le frisson."
En dépit de mon grand âge, il m'est arrivé de recevoir de Jean-Claude des leçons. Oui, mon Cocode, je vais raconter: je suis allé voir mon cousin une fois à Annemasse, à la fin des années 80, je crois. Il y vivait avec Esmeralda (déjà l'amour du Portugal!) dont la fille aînée était lourdement handicapée. Je ne m'y étais pas préparé, je ne savais pas, je n'avais pas d'expérience, d'aisance, je suis resté gauche comme un imbécile, stupéfait, interdit devant ce corps malingre… J'aurais voulu être loin. Cocode passe devant moi, se penche au-dessus de la petite Elisabeth, étend le bras et de sa belle main, du bout des doigts, avec infiniment de douceur et de bonté, caresse le front de la fillette, qui sourit. Lui aussi sourit. Il vient de créer une intimité avec un être humain qui aurait pu rester muré dans son handicap. La personne handicapée nous révèle à nous-mêmes. Dans le cas de Cocode, j'ai compris qu'il s'était une fois de plus révélé tout simplement un humain de qualité, profondément bon et charitable. Bien plus tard, Cocode sera comme le poisson dans l'eau avec les handicapés. Il m'écrit le 22 mars 2007:
"J'ai fréquenté assidûment l'institution NOUS AUSSI à Annemasse où réside encore Elisabeth. Etant dans le bain du handicap mental, j'avais dépassé cet état de gêne généralisé pour entrer de plain pied dans leur monde à eux, chacune et chacun ayant le sien propre. J'adorais qu'on me saute au cou. C'était eux qui me redonnaient conscience d'être un être aimé, apprécié."
Et bien sûr, comme toujours avec Cocode, nous allons conclure ce sujet sérieux dans la rigolade… E-mail du 9 avril 2007:
"Lyon hôpitaux: Elisabeth a subi une opération de chirurgie orthopédique. Esmeralda et moi avions coutume de rejoindre le vieux Lyon le soir. Dans un "bouchon", la patronne a eu l'imprudence de nous laisser un tonnelet de goutte sur la table, du vraiment très bon marc prévu pour arroser une glace d'une larmuche. Plus on creusait la glace, plus les larmes remplissaient le trou! Ce fut bientôt une fontaine! Et nous nous sommes torchés comme jamais! L'hôtel était à 7 Km, nous avons décidé de les parcourir à pied, nous guidant au ridoir sur la ligne brisée des trottoirs. Arrivés à l'hôtel, nous étions totalement dégrisés."
Voilà, mon Cocode, cet hommage à ton humanité et à ton humour est le seul cadeau d'anniversaire que je puisse te faire.
Daniel Bas
31 octobre 2012.
Les commentaires récents