6 janvier 2013,
Bahar Dar, Ethiopie
Depuis que je déambule sur les sentiers tortueux qui mènent tant bien que mal aux églises enterrées de Lalibela, mes chaussures noires ont pris à plaisir la couleur rouge de la poussière du pays.
Aujourd’hui, en passant et repassant devant une rangée de cireurs qui imploraient un geste de ma part, j’ai fini par m’asseoir sur un tabouret que l’un d’eux me tendait.
C’est la première fois de ma vie que je me trouve dans cette situation inconfortable pour un Européen.
Et que mes souliers sont aussi sales…
Pendant que le spécialiste crachait sur son chiffon et frottait avec sa brosse, j’ai dû affronter le regard méprisant de quelques rares touristes.
Maintenant que mes baskets ont repris leur teinte originelle, je peux de nouveau me présenter dans les restaurants et suis assez heureux d’avoir fait la connaissance de Gébré, un garçon des rues qui préfère travailler plutôt que mendier.
Et c’est de bon cœur dans ces cas-là, que l’on multiplie par trois le prix dérisoire demandé, 5 birr, soit 0,20 euro. En sachant très bien évaluer la limite à partir de laquelle le sursalaire alloué par un Occidental sensible peut faire voler en éclats les repères du destinataire.
Certains grands cœurs croient réaliser une bonne action en « arrosant » un village entier de bonbons et de billets.
Malheur au bus d’après si ses occupants ne donnent pas la même somme…
Ils risquent des jets de pierres, des vols à l’arraché et peuvent provoquer une émeute.
A partir du jour où la première distribution a lieu, les enfants cessent d’aller à l’école et attendent en rangs serrés les touristes.
C’est ce qui se passe le long de la ligne de chemin de fer Fianarantsoa-Mana kara à Madagascar.
Voilà pourquoi certains véhicules au sud de Marrakech subissent parfois des volées de cailloux.
JAC, le 24 janvier 2013
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