28 décembre 2000, Jodhpur, Radjahstan, Inde,
De village en village chez les Bishnoïs autour de Jodhpur.
Le nom de cette tribu vient du chiffre 29, en hindi. Autant de principes à respecter, imposés par un prédicateur qui a parcouru le pays de maison en maison, au XVIIème siècle. Parmi ceux-ci figure en premier lieu le respect inconditionnel des arbres, des animaux et la pratique de la non-violence.
Les Bishnoïs sont tellement amoureux des arbres que leur histoire est liée à eux par un fait tragique et émouvant qui constitue l’emblème de leur combat pour la protection de la nature.
Le maharadjah de Jodhpur avait donné l’ordre à ses gardes d’abattre 800 arbres pour l’édification de son palais. Les autochtones se sont alors mobilisés pour protester contre cette décision « barbare ». Ils se sont placés chacun sur un tronc d’arbre les bras en croix ou en formant une ronde quand le diamètre le permettait. Mais comme les ordres sont les ordres, chez les militaires et chez les maharadjahs, 800 arbres ont été coupés ainsi que les bras des 800 fidèles agrippés aux troncs pour tenter de sauver leur trésor, leur patrimoine, leur dieux, leur vie …
Dans les villages, aux abords des puits, sur les chemins de terre, les gazelles et les antilopes côtoient les humains sans les craindre. En revanche, à l’approche de notre Jeep, les bêtes se sauvent dans les buissons.
Je suis donc un méchant carnivore de race blanche qui fait fuir les gazelles. Les villages s’offrent les uns après les autres. Féeries de couleurs, de bijoux d’or, de pendentifs d’argent, de gourmettes étincelantes et de chaînettes à la cheville. On voit ces femmes travailler aussi dur que les hommes. Elles portent des sacs, remuent du ciment, tirent sur des cordes, hissent des pierres.
Certains bourgs sont spécialisés : ici la vente de tapis, là-bas la fabrication de poteries. On nous reçoit aimablement et la curiosité est plutôt de leur côté : combien d’enfants ? Quel âge ? Comment s’appellent-ils ? Où est ta femme ?
L’opium est la marque tangible de l’entrée dans une propriété. On se passe la pipe, on fume une bouffée, on remercie d’un signe de tête mais moi, je n’ai pas envie de casser la mienne, alors je passe mon chemin.
Les visages sont très beaux, très burinés par la vie et sans doute par des vapeurs douteuses. Jolies couleurs des turbans, jolies attitudes des hommes âgés qui font encore du charme, jolies parures des femmes qui balancent des hanches pour mieux faire sonner leurs bijoux.
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