Août 1971
En revenant d’Allemagne en voiture, je m’arrête un dimanche matin à 30 km de la ville de Compiègne devant un salon de thé.
Le temps de balayer d’un regard plein d’envie les gâteaux exposés, de jeter finalement mon dévolu sur un millefeuille bien charpenté débordant de belle crème à tous les étages, puis de m’asseoir à une table pour le déguster, et me voilà de nouveau au volant de ma bonne vieille 2CV Citroën.
Au bout de quelques kilomètres, un ralentissement.
Puis, plusieurs ambulances. On gesticule. Coups de sifflets. On court. Des pompiers transportent des corps sans vie sur des civières. Une femme pleure, assise sur le trottoir.
Quel cataclysme a donc atteint cette région ?
Le soir, à la radio, des journalistes parlent de la catastrophe de Compiègne…Une bouteille de gaz a explosé ce dimanche matin-là, tuant trois automobilistes. A l’heure précise où j’aurais du passer, si la faim ne m’avait pas tenaillé.
A la réflexion, je dois peut-être la vie sauve à ce gros gâteau crémeux.
Si, depuis quelques années, j’évite les pâtisseries, pour des raisons évidentes de diététique, j’ai trop de savoir vivre pour refuser ce qui est à mes yeux l’antidote même de la mort.
JAC, le 19 septembre 2012
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